En vue de la démolition cette semaine du clubhouse de Blue Bonnets (l’ancien hippodrome de Montréal), des groupes communautaires de Côte-des-Neiges se sont regroupés devant l’Hôtel de Ville afin d’interpeller la Ville pour qu’elle priorise ce dossier d’envergure et qu’elle saisisse cette occasion pour développer le site autrement.
«Nous avons besoin de Blue Bonnets. Tant de gens du quartier sont mal-logés, n’ont pas assez à manger, ou peinent à payer la passe de métro. Il est urgent de répondre aux besoins de ces gens : ça fait trop longtemps que nous attendons ! Nous sommes dans la rue pour Blue Bonnets depuis plus d’une vingtaine d’années : il est temps que ça bouge» dit Nola Shaw, résidente de Côte-des-Neiges et membre du comité droit au logement au Projet Genèse.
«Le site de Blue Bonnets représente une grande occasion pour Montréal. L’administration Plante a ici une occasion de faire le développement différemment : en répondant aux besoins du quartier au lieu de prioriser les intérêts de promoteurs immobiliers. Le site, qui est la taille de plus de 40 terrains de football, a été transféré de Québec à la Ville de Montréal l’an dernier et pourra accueillir de 5000 à 8000 ménages. Depuis 2005 le milieu communautaire revendique au moins 2500 logements sociaux sur le site.» dit Yamina Chergui de la Corporation de développement communautaire de Côte-des-Neiges.
Pour l’architecte Ron Rayside, «Il faut se demander qui profitera du développement de ce vaste terrain. Il est tout à fait possible de procéder à un développement innovateur, écologiquement durable, axé sur la qualité de vie et qui est réellement inclusif pour des ménages à faible et moyen revenu.»
«On a vu qu’ici à Montréal, le défaut est de bâtir des tours de condos. Chez nous il y a eu presque 2500 nouveaux condos dans les dernières années, mais les 15,000 ménages du quartier qui vivent sous le seuil de pauvreté n’ont eu que 104 logements sociaux avec des subventions au loyer. La Ville tourne son dos à sa responsabilité de veiller aux intérêts de la population et de protéger l’accessibilité de nos quartiers» dit Alexandra Craan du Centre communautaire Mountain Sights.
«On sait que ce n’est pas un projet qui se construira dans les prochains mois : il faut d’abord traiter la question de l’extension Cavendish, installer les infrastructures, etc. Mais la Ville de Montréal doit dès maintenant avancer pour définir la vision de ce que nous voulons voir sur le site, définir de quoi ont vraiment besoin les montréalais dans ce nouveau développement. On ne veut pas voir un autre Triangle, un autre Griffintown. Pour l’instant, Projet Montréal n’a promis que 20 % de logement social. C’est trop peu ! C’est une immense opportunité de faire les choses différemment : il ne faut pas la rater» déclare Claire Abraham, organisatrice communautaire au Projet Genèse.