Le violoncelliste de renom international et directeur musical, Yuli Turovsky, est mort dans la nuit du 14 au 15 janvier dernier, à l’âge de 73 ans. Atteint de la maladie du Parkinson, il a rendu son dernier souffle moins d’un an après la perte de sa femme, Eleonora Turovsky.
«Pour moi, la musique est toujours “à propos de quelque chose”», c’est en ces termes que le musicien décrivait l’art qui le passionnait. Malgré sa condition, il aura nourri plusieurs projets et continué l’enseignement de la musique jusqu’à la fin.
Né à Moscou en 1939, Yuli Turovsky a étudié le violoncelle dès l’âge de sept ans. Après avoir été diplômé avec mention d’excellence du Conservatoire Tchaïkovski, il a remporté de nombreux prix, dont le premier prix du Concours de violoncelle d’URSS en 1969, et, l’année suivante, il était du nombre des gagnants du 22e Concours international de musique du Printemps de Prague.
Il a parcouru le monde entier comme premier violoncelle et soliste de l’Orchestre de chambre de Moscou, sous la direction de Rudolph Barshaï. C’est en 1977 que le Québec devient sa terre d’adoption. Il poursuit alors sa carrière internationale comme soliste, comme membre du Duo Turovsky qu’il forme avec sa femme et du Trio Borodine qu’il a lui-même constitué.
L’instrumentiste a également fondé, en 1983, l’Orchestre de chambre I Musici de Montréal, un ensemble permanent de 15 musiciens, dont il a été violoncelliste, chef et directeur artistique pendant 27 ans. Cet ensemble s’avère une véritable histoire de famille puisque sa femme a non seulement participé à sa fondation, mais y a incarné le violon solo pendant plus de 25 ans. Quant à leur fille Natasha, elle y a également été violoniste pendant 27 ans.
L’orchestre Nouvelle Génération voit, quant à lui, le jour en 2011. Malgré la maladie, Yuli Turovsky éprouvait le désir d’offrir une vitrine aux jeunes musiciens professionnels, soit ses étudiants et ceux de sa femme, afin qu’ils puissent poursuivre leur apprentissage, souligne Stéphane Tétreault, l’un des trois chefs d’orchestre. Âgé de 19 ans, ce dernier peut s’enorgueillir d’avoir eu le privilège de côtoyer ce grand musicien et pédagogue pour avoir été l’un de ses élèves pendant 10 ans. «Je retiens de son enseignement sa grande générosité. Il ne regardait jamais son horloge. D’un point de vue musical, il m’a appris à me faire confiance et de toujours jouer de façon inspirée même lors des mauvaises journées. Selon lui, il faut se laisser emporter par la musique», reconnaît-il. Le jeune violoncelliste se souviendra qu’il pouvait toujours compter sur son professeur. «Il m’a tout montré ce que je sais, ou presque, de la musique. Je lui dois beaucoup. Je vais essayer de maintenir son héritage aussi longtemps que possible», soutient Stéphane Tétreault.
La longue et fructueuse carrière de cet homme «de cœur et de culture» fut ponctuée de nombreux honneurs, notamment la distinction de chevalier de l’Ordre national du Québec en juin 2010. L’été dernier, le gouverneur général du Canada lui a décerné l’insigne d’Officier de l’Ordre du Canada «pour sa contribution au rayonnement de l’excellence musicale canadienne en tant qu’enseignant et violoncelliste et chef d’orchestre de réputation internationale.»
Les obsèques ont eu lieu le 21 janvier dernier à Montréal. Un concert hommage sera présenté par I Musici le 15 février prochain dans le cadre de la série Centre-ville intitulée Le grand romantisme À la suite du programme prévu, un bref hommage en images et en musique sera organisé pour le musicien.
Josianne Haspeck
Photo gracieuseté/I Musici