Le 15 mai dernier, les associations de cyclistes et piétons de NDG et de Westmount ont dénoncé avec vigueur les dangers de la piste cyclable De Maisonneuve et lancé un appel à la Ville de Montréal qui, selon elles, néglige encore cet enjeu.
En après-midi, une quinzaine de cyclistes se sont réunis au métro Vendôme malgré la pluie pour rouler sur le boulevard De Maisonneuve entre Décarie et Claremont, la zone qu’ils jugent la plus dangereuse. Le rassemblement s’est transporté à l’église Wesley United.
À NDG, 2000 cyclistes traversent chaque jour la zone dangereuse. Les risques potentiels sont nombreux: la traversée illégale des piétons, les voitures qui rentrent ou quittent un stationnement, l’arrêt d’autobus Marlowe, l’arrêt de quatre autobus sur l’intersection Claremont, les intersections confuses, notamment à Décarie, entre autres.
«Il y a des endroits sur le boulevard De Maisonneuve, où je dois descendre de mon vélo et continuer à pied, tellement j’ai peur. Et pourtant, je me considère comme une cycliste expérimentée», dit Rachel Michie, membre de l’Association des cyclistes et piétons de NDG qui a décidé de la joindre après avoir vu un accident mortel à Ottawa. «Il y a quelques années, j’ai vu une fille qui s’est fait écraser par un autobus. Elle était si jeune… C’était horrible.»
Maxime Denoncourt, un autre cycliste expérimenté, a décidé de dénoncer à sa manière les contrevenants qui mettent la vie des cyclistes en péril. Chaque fois qu’il se déplace à vélo, il porte un casque muni d’une caméra. «Le nombre de fois que j’ai pensé: si seulement j’avais une caméra… C’est une façon de garder la trace des incidents où le cycliste se retrouve dans la situation à risque. Par exemple, en une heure seulement, j’ai filmé 21 voitures qui se sont garées illégalement devant le métro Vendôme.»
Mesures envisagées
Selon Daniel Lambert, président de l’association de marche et de cyclisme de Westmount, beaucoup plus de gens pourraient devenir cyclistes si les dangers de cette zone étaient neutralisés. Il connaît des mesures qui pourraient remédier à la situation à court terme: déplacer les arrêts d’autobus peu utilisés à l’heure de pointe, notamment ceux sur l’intersection Claremont, ajouter les flèches vertes aux feux de circulation et d’autres marquages indiquant la piste cyclable, ajouter des feux de circulation synchronisés et créer un îlot d’autobus où la piste cyclable se situe entre l’îlot et le trottoir.
M. Lambert admet qu’il n’est pas facile de trouver une solution pour les alentours de la station Vendôme et la création d’un pont cyclable. «À moyen terme, il est clair que le pont cyclable serait une meilleure solution pour les cyclistes, car il serait 10 fois plus sécuritaire que toutes les mesures auxquelles on a pensé». Toutefois, la Ville a rejeté cette option dont le coût estimé est de 3 millions de dollars.
Peter McQueen, conseiller du district de NDG, critique ce refus. «Mes adversaires essayent de me couper, voire humilier, en invoquant des excuses ridicules, notamment les coûts élevés du projet. Pourtant, 2 ou 3 millions de dollars, ce n’est rien en comparaison aux montants investis dans d’autres projets routiers», remarque-t-il.
Des cyclistes blâment également le Centre universitaire de santé McGill (CUSM). «Ils ont tellement investi dans l’aménagement du stationnement sécurisé très sophistiqué et ils n’ont pas un peu d’argent pour un pont cyclable. C’est honteux, s’indigne M. Lambert. Le CUSM va causer un trafic supplémentaire et maintenant ils jouent à l’autruche. C’est un hôpital, ne devrait-il pas être préoccupé par la santé et le bien-être de la population?» Selon lui, l’indifférence envers la cause des cyclistes pourrait s’expliquer par le fait que les décideurs politiques ne sont pas des cyclistes et n’ont aucune idée de comment c’est de rouler en ville.
L’expérience danoise
À titre d’exemple, à Copenhague, 63 % des députés se rendent chaque jour à vélo au parlement, situé dans le centre de la capitale. «Grâce à la volonté du gouvernement danois, depuis au moins 30 ans, les pistes cyclables sont sécuritaires même pour les enfants, les intersections sont très claires, raconte Louise Col Taylor, une résidente de NDG d’origine danoise. Cela fait partie de notre culture, les femmes à chaussures à talon haut et en mini-jupe se rendant à une soirée en vélo, les hommes d’affaires en costume avec leurs porte-documents allant au travail.» Elle admet que les déplacements en vélo sont plus rapides, moins cher et plus écologiques qu’en voiture et elle déplore vivement la situation à Montréal, surtout à NDG. «Ici, même les cyclistes expérimentés éprouvent souvent la confusion et risquent constamment leur vie», conclut-elle.
- Les risques actuels | Crédit : Daniel Lambert
Les risques actuels | Crédit : Daniel Lambert