Lorsque Raja Ouali a pris une photo d’un abribus africain avec un appareil photo argentique, elle ne se doutait pas que ce cliché deviendrait l’une des pièces maîtresses de Géodésie, une exposition de ses œuvres à la Maison de la culture de Notre-Dame-de-Grâce présentée jusqu’au 24 août.
Il ne reste donc que jusqu’à samedi pour voir cette exposition qui présente bien plus que des images imprimées sur différentes essences de bois.
«En inscrivant leurs coordonnées géographiques par une recherche graphique appliquée, l’artiste a souhaité redonner à ces images une localisation précise sur le globe. Ainsi, elles retrouvent leur intégrité au moment de leur passage dans le temps. Ce projet est une sorte de GPS du souvenir», peut-on lire dans le communiqué de l’exposition.
Depuis l’âge de 16 ans, Raja Ouali arpente le monde, outillée d’un appareil photo et d’un sac à dos. Depuis une vingtaine d’années, la femme d’affaires œuvre dans le domaine des arts graphiques. Depuis huit ans, elle exploite avec son associé un studio de graphisme, Bivouac Studio, qui emploie quatre à cinq personnes à Montréal.
Née d’un père d’origine tunisienne et d’une mère québécoise, l’artiste se décrit comme une enfant de l’Expo 67 pour expliquer ses fréquents voyages depuis l’âge de 16 ans.
Les oeuvres de cette série ouverte sont tirées d’une sélection de photos qu’elle a prises au hasard de ses pérégrinations. Les photos ont été numérisées et imprimées sur du bois.
Grâce à Google, l’artiste a su à quel point précis ses clichés ont été pris, car les sujets photographiés n’ont pas nécessairement d’adresse municipale : il peut s’agir d’un arbre, d’une plage, de grandes roues de fête foraine…
Raja Ouali ne photographie jamais un sujet en rafale. Elle choisit soigneusement son sujet, aussi fugace soit-il, avant d’appuyer sur le déclencheur.
C’est en reconstituant le fil d’un voyage, en recoupant des indices et des repères à l’aide de la géolocalisation par satellite qu’elle a recouvré des souvenirs de cet abribus africain photographié en 1994, par jour de pluie. «L’Afrique, la Tanzanie, le Malawi? Je ne m’en souvenais plus. Il a fallu que je regarde les négatifs et les mette en ordre (chronologique) pour me rappeler l’histoire et de là, l’endroit précis», explique-t-elle.
Pour la touche finale, elle peint à la main les coordonnées chiffrées qui indiquent plus ou moins précisément la latitude, la longitude et l’altitude selon l’effet recherché.
Ce traitement original donne à toutes ces photos imprimées sur diverses essences de bois l’apparence de photos usées par le temps où se juxtapose l’ère rafraichissante de la technologie numérique.
À la base de tout ce talent, de ces résultats impressionnants, il n’y a qu’une formation de graphiste et quelques formations en développement de photos. Pour le reste, l’artiste a développé son art à la lecture de livres. Tout a commencé à l’âge de 14 ans. Un appareil argentique Élan II, reçu en cadeau, et le guide de l’utilisateur ont suffi pour lui donner la piqure de la photo et de l’exploration.
L’exposition Géodésie de Raja Ouali se poursuit à la Maison de la culture de Notre-Dame-de-Grâce jusqu’au 24 août.