Vendredi 17 janvier 2014
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Illuminations : Le surréel en photo

Illuminations : Le surréel en photo

CÔTE-DES-NEIGES – En se promenant dans la nuit, Jocelyn Philibert a fait une découverte lumineuse qui l’a inspiré à faire de la photo 3D à sa façon, en quelque sorte. Ses œuvres photographiques sont exposées jusqu’au 6 octobre à La maison de la culture de Côte-des-Neiges.

Dans la nuit noire de la campagne, un objet foudroyé par le flash s’illumine. L’objet se révèle sous un autre jour et modifie ce qu’en connait l’artiste. Le flash se déclenche des centaines de fois et découpe en rafale chaque objet. Chaque cliché capte sans le dire plus qu’il n’y paraît. L’appareil capte tout, sans cadrage, ni discrimination. C’est plus tard que se fait le montage minutieux de l’artiste. Il obtient une photo au sujet lumineux, une image imprégnée d’étrangeté. «Il s’agit pourtant simplement de l’état ordinaire des choses», s’exclame-t-il.

C’est à peu près en ces termes que j’ai traduit les propos, la démarche de l’artiste, pour l’expliquer à mon tour… je le prie de m’en excuser.

Au terme de cette séance photo,  il découvre sur ordinateur tout ce qui lui a échappé de plein jour, et il s’en étonne, s’émerveille.

Le vocabulaire du chercheur décrit bien son procédé : investigation, exploration de sites, quadrillage, fouilles, examen minutieux, reconstitution, selon lui.

Les œuvres de Jocelyn Philibert font partie de nombreuses collections privées et publiques.

Dans l’exposition, on verra un corpus de cinq photos 7 pieds par 10 pieds, faites en 2012.

Il lui faut au moins 100 photos pour en monter une seule. Ensuite, tout le montage se fait sur logiciel de traitement de photo. Le logiciel aidant, il reconstitue une grande image un peu à la manière d’un casse-tête. «C’est très simple, mais très long,» dit-il.

Toutes les photos ont été prises à Saint-Jean–Port-Joli pendant ses vacances dans un chalet au bord de l’eau.

Mais pourquoi prendre plusieurs photos pour en avoir qu’une seule, à la fin?

«Si je prenais une photo seulement, avec un bon appareil sur trépied, des flashs puissants, ça ne donnerait pas  cet effet lumineux. Il y aurait beaucoup d’ombres sur l’objet, alors que là, elles se font discrètes. Il peut donc avoir l’objet dans tous ses détails, ce que les techniques normales de photo de nuit ne pourraient pas accomplir.

C’est un artiste issu des techniques de la 3D, de la sculpture, du moulage. Il s’en inspire ici pour donner une profondeur de champ à ses sujets photographiés, une impression de trois dimensions.

«Je dois dire que ma technique permet d’avoir un fichier. Vous savez un fichier en images ça a une certaine densité de pixels. Ma technique – parce que je relis beaucoup de photos – me donne un fichier très riche pour faire ces grandes images-là. C’est ça le «secret» de mon travail, si je dois parler de secret», confie-t-il.

Cette technique n’est possible qu’avec la technologie numérique, car tout peut se fondre sur écran. «Ce qui est très long, c’est de faire tous les raccordements et que ça ressemble à une unité plutôt qu’une grille avec plein de fils qui dépassent», explique-t-il.

S’il vente un peu, ce n’est pas grave. S’il y a un peu de brouillard, ça peut donner un effet intéressant, comme ça peut obliger à revenir encore et encore pour réussir la séance complète.

Dans l’une d’elles, c’est un merisier – son écorce brillante – qui a attiré son regard quand il passait sur le chemin forestier. Sur la photo, on croirait que le tronc de l’arbre est en bronze.

On ne pourrait guère comparer ce procédé et ce montage à ceux que fait Google Street View.

«Au lieu de mettre de la couleur, je mets des feuilles d’arbre et je reconstitue ça parce que mon plaisir ce n’est pas de changer les choses, de ne pas enlever des branches, mais de refaire exactement ce qui est là dans la nuit», dit-il.

Jocelyn Philibert a fait de nombreuses expositions solos et collectives entre 1987 et aujourd’hui, plusieurs résidences, et il a mené des projets de communication et d’animation. Il a étudié en communications à l’Université du Québec.

L’exposition Illuminations de Jocelyn Philibert est présentée à la Maison de la culture de Côte-des-Neiges jusqu’au 6 octobre.

Marie Cicchini | redaction@lesactualites.ca
Photo : Marie Cicchini

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