Le conseil de Côte-des-Neiges–NDG qui s’apprêtait à adopter un règlement interdisant le service à l’auto à la grandeur de l’arrondissement a décidé de retirer le dossier de l’ordre du jour de sa séance le 30 septembre dernier.
La consultation publique a eu lieu avant la séance ordinaire du conseil, mais le conseil a décidé de reporter le débat. Le maire Lionel Perez, présent à la consultation, a expliqué que les conseillers n’y ont pas tous assisté et qu’ils devraient avoir le procès-verbal avant de voter.
La consultation publique a attiré une foule puisqu’il s’agit d’une mesure inédite à Montréal. Plusieurs intervenants locaux de l’industrie de la restauration se sont opposés à l’interdiction pure et simple de bannir le service à l’auto. Lionel Perez a concédé qu’il faut leur donner une chance de participer et peut-être de bonifier un éventuel règlement au lieu de se précipiter.
C’est donc partie remise et d’ici-là, les intervenants seront impliqués dans le but de produire un programme plus réfléchi et d’assurer un consensus à cet égard, a promis le maire.
Ce sera le conseil formé des futurs élus qui votera sur ce dossier après les élections du 3 novembre.
Ce règlement touche également les institutions bancaires, les pharmacies et les lave-autos. Une fois qu’il sera adopté, un avis sera publié et les citoyens de la zone visée et de la zone contigüe de tout service à l’auto proposé auront toujours la possibilité de s’y opposer en signant un registre. Pour chaque zone, ils devront déposer une pétition d’au moins 12 signatures.
Selon Daniel Lafond, directeur de l’urbanisme et des services aux entreprises, c’est surtout la qualité de l’air et la réduction des ilots de chaleur qui ont motivé l’adoption de ce règlement. Dans le cadre du Plan vert, l’arrondissement s’est doté d’un plan local de développement durable en 2012 et d’une déclaration pour un arrondissement en santé en 2013. Dans cet esprit, les services favorisent le développement sain et écologique axé sur le transport collectif et ont déjà adopté plusieurs mesures en ce sens.
«Dans notre sommaire décisionnel, je pense qu’il y a une ligne sur les saines habitudes de vie, par contre tout le reste du document fait état des éléments sur la qualité de l’air», a mentionné Daniel Lafond.
Les exploitants réclament des études
Plusieurs exploitants de restaurants comme A&W, MacDonald, Tim Hortons, Saint-Hubert et Wendy’s ont contesté le règlement proposé et réclamé toutes les études qui ont été faites, comme les études sur le service au volant, le bruit, la pollution, la sécurité des passants, le transport en commun et les ilots de chaleur. Contrairement à ce qu’affirme le comité présidé par la conseillère Susan Clarke, l’interdiction du service à l’auto aura un impact économique et n’améliorera pas nécessairement la santé et la qualité de vie des citoyens, croient-ils.
«L’impact premier se fera sentir sur le nombre d’emplois qui pourraient être rendus disponibles. Pour nos huit locations dans l’arrondissement, nous avons 160 employés. Étant donné la non-disponibilité de tels nouveaux services, notamment la nuit alors que seul le service à l’auto est offert, des étudiants, des retraités et de nombreux travailleurs nouvellement arrivés au Canada en souffriraient», a affirmé pour sa part Mario Dupont, directeur au développement des affaires pour Tim Hortons.
Certains restaurateurs ont mentionné qu’en les privant ainsi d’un grand pourcentage de leurs ventes, le règlement menace la rentabilité de leur entreprise.
«Notre industrie a la réputation partout au Canada de collaborer avec les municipalités afin de trouver des solutions au service à l’auto. Nous aurions aimé avoir la même occasion de le faire avec vous», a dit Jean Lefebvre de l’Association canadienne des restaurateurs et services alimentaires.
M. Lefebvre a affirmé que l’interdiction des services à l’auto dans l’arrondissement est contraire à la loi sur l’utilisation du territoire.
Cette affirmation est inexacte, selon Daniel Lafond. L’arrondissement cherche plutôt à encadrer l’usage du service à l’auto sur son territoire, et non à l’interdire dans tout Montréal. «La loi réfère à la ville et à la municipalité et non à une partie d’un territoire. La Ville de Montréal offre cette activité-là sur son territoire, donc on est en droit de pouvoir la légiférer», a-t-il expliqué.
Par ailleurs, les services à l’auto existants sont protégés par une clause de droits acquis.