«Ceramic Tango», un drame fantastique de Patricia Chica, a été présenté en exclusivité aux cinéphiles lors de la Journée mondiale du sida, le 1er décembre dernier.
La cinéaste qui a fondé Flirt-Films au début de sa carrière dans le quartier de Notre-Dame-de-Grâce dit que ce film va au-delà du sida. «C’est une fable moderne qui touche les plus vulnérables, les marginalisés de la société. Chacun, indépendamment de ce qu’il vit, peut se retrouver dans ce film. Plusieurs personnes qui l’ont vu ont été touchées. Ils ont fait la queue pour me dire merci.»
Mais Ceramic Tango, un court métrage réalisé en association avec Films Forge Productions et le festival de films de genre Mascara & Popcorn, ne s’est pas fait sans sacrifice. Toutes ses économies, y compris la vente de son condominium, ont servi à le financer.
«Cette journée a une signification profonde pour moi. C’est un jour par année qu’on a pour penser à toutes les personnes infectées par le VIH, pour leur dire qu’on est là pour elles et qu’elles ne sont pas seules», affirme Patricia Chica, le regard empli de compassion. Pour elle, il ne s’agit pas de prendre les séropositifs en pitié, mais de mener le combat de la sensibilisation afin que le public prenne conscience des dangers et préjugés liés à cette maladie. «Le cinéma doit servir des causes. Le mien sert à combattre, par exemple, des préjugés liés aux malades du sida», dit-elle. Dans son engagement pour la lutte
contre le VIH, la jeune femme cible la génération Y (les 18 à 35 ans). À la question: Pourquoi? Elle soutient que c’est une catégorie de population plus à risque en raison de la diversité de sa pratique sexuelle.
Après une quinzaine d’années d’expérience dans ce métier et plus d’une trentaine de prix, la réalisatrice cinéma et télévision qui vit maintenant au Plateau Mont-Royal souligne les difficultés pour obtenir du financement au Québec. «Mon grand souhait, c’est de voir les organismes chargés d’aide à la production cinématographique soutenir aussi des créateurs comme moi», dit-elle. Ces institutions se consacrent d’abord au soutien du cinéma d’auteur, alors que le cinéma de genre n’est pas valorisé. «Je n’ai jamais obtenu de subventions à la production. J’en ai reçu seulement à l’étape du développement», insiste-t-elle. Au Québec, il y a un potentiel pour le film de genre parce qu’ici, le cinéma est considéré comme un art. C’est ce qui explique le succès du cinéma québécois. Ailleurs, par exemple dans le reste du Canada, le cinéma est avant tout une industrie dont le but est de faire du profit.
À l’occasion de cette Journée mondiale du sida, Patricia Chica a offert le visionnement gratuit de Ceramic Tango sur Internet durant 24 heures. Elle a également exigé que les distributeurs en fassent autant. De plus, une collecte de fonds a été lancée pour soutenir la Fondation québécoise du sida. Aucun don n’a été enregistré, mais elle ne perd pas espoir.
Aussi connue sous le nom de Chicatronica, la réalisatrice d’origine salvadorienne vient de remporter cinq prix internationaux et plusieurs nominations pour ce film de 10 minutes: le prix du Meilleur court métrage international au Monteria Film Festival, un Prix Météor au Festival Vitesse Lumière à Québec et le Grand Prix du meilleur montage au Rhode Island International Film Festival pour ne nommer que ceux-là.