L’arrondissement de CDN-NDG a retiré de l’ordre du jour de la séance du conseil l’appel de la décision du comité de démolition relativement à une demande pour l’immeuble situé au 5700, avenue Victoria.
Rappelons que le propriétaire, Haïm Elkabas, est en voie de convertir deux immeubles locatifs en condominiums de luxe en dépassant toutes les limites des permis de travaux émis par l’arrondissement.
Étant donné que c’est un appel d’une décision du comité de démolition, le maire a décidé de tenir une séance extraordinaire du conseil d’arrondissement d’ici le 25 juin pour permettre aux personnes s’opposant au projet de s’exprimer.
Un citoyen s’est indigné de ce projet «carrément indécent» qu’on propose au 5700 Victoria alors que la situation du logement social et abordable est critique dans l’arrondissement avec toutes les familles qui peinent à se loger.
Le promoteur veut démolir complètement l’immeuble et en reconstruire un nouveau avec 11 condominiums de luxe et stationnement souterrain.
Si l’arrondissement ne peut qu’aller de l’avant avec ce projet de luxe, ne peut-il pas à tout le moins demander au promoteur de faire une contribution financière au fonds de développement pour 15% d’inclusion de logement social dans les projets, comme le font normalement les promoteurs à Montréal?
Le propriétaire du bâtiment échappe à cette exigence. La réponse de Russell Copeman, responsable du dossier des immeubles à Montréal, est inébranlable: seul un changement de zonage peut enclencher le mécanisme juridique permettant à la Ville d’exiger du promoteur une contribution financière ou un pourcentage de logement social dans ce genre de projet.
M. Coppieters lui a demandé s’il y aurait des moyens de négocier avec le propriétaire de l’immeuble, puisqu’il a démoli plus de 50% du bâtiment, dépassant la limite permise par l’arrondissement, et qu’il requiert en plus des permissions spéciales.
Marvin Rotrand a précisé que la permission de démolition a déjà été accordée par le Comité consultatif d’urbanisme le 10 avril dernier, mais qu’il y a eu un appel de la décision le 9 mai, ce qui oblige le conseil à voter et à entendre ceux qui veulent s’opposer au projet.
Jennifer Auchinleck, organisatrice communautaire à la Corporation de développement communautaire de Côte-des-Neiges, a souligné que la perte de logement locatif relativement abordable dans le quartier est très préoccupante quand il y a 4245 ménages locataires qui paient 80% et plus pour se loger. «Pour nous, l’intérêt public est le développement du logement locatif et abordable, et non le développement de condos, alors je vous enjoins à regarder la question des besoins», a-t-elle dit.
Elle craint que cette façon de faire par le biais de permis de démolition puisse devenir un moyen détourné de convertir les immeubles locatifs puisque la Ville de Montréal a un moratoire sur la conversion des logements locatifs en condominiums.
Quant aux conditions relatives à la démolition et à la réutilisation du sol dégagé
par l’immeuble démoli, elle a demandé si l’arrondissement possède une marge de manœuvre pour poser d’autres exigences et explorer cette piste.
«En ce qui concerne le logement social, la réponse est non», répond le maire.
Autrement dit, l’arrondissement est totalement démuni face aux propriétaires qui décident de contourner les règlements systématiquement, étape par étape. L’immeuble risque de passer de l’engrenage au broyeur.
Les locataires espèrent que le débat que tiendra le conseil d’arrondissement, d’ici le 25 juin prochain, trouvera une astuce pour éviter de perdre d’autres immeubles locatifs de cette façon.
Marie Cicchini | redaction@lesactualites.ca
Photo : Marie Cicchini