Des résidents de Notre-Dame-de-Grâce sont inquiets. Il craignent de voir la petite église Saint-Columba de la rue Hingston et sa salle paroissiale sous les pics des démolisseurs.
Construit dans les années vingt, le site témoigne du développement de NDG dans les premières décennies du vingtième siècle et de la présence de la communauté anglophone anglicane dans le quartier. Elle connut son heure de gloire en 1969 lorsqu’un certain cardinal Karol Joseph Wojtyla, le futur pape Jean-Paul II, fit une allocution dans la salle du centre communautaire. En 2012, la paroisse fut dissoute, l’église fermée et vendue. Elle est aujourd’hui propriété d’un promoteur, Robert Blatt qui envisage de construire un ensemble résidentiel sur ce site.
En réponse à ces inquiétudes, le maire Russell Copeman explique «qu’aucune décision n’est encore prise. L’arrondissement compte suivre rigoureusement et en toute transparence le processus lié au changement de zonage et de démolition en s’appuyant sur les recommandations du Comité mixte qui est l’instance désignée pour analyser la valeur patrimoniale de l’église et la la salle paroissiale.»
À la demande de l’arrondissement CDN-NDG, la direction de la culture et du patrimoine de la Ville de Montréal a réuni une groupe de travail qui a émis en avril 2014, un Énoncé de l’intérêt patrimonial du site.
Selon le document, «l’intérêt patrimonial du site de l’église repose d’abord sur sa valeur sociale et symbolique en raison de son rôle comme lieu communautaire important dans le secteur et de sa signification spirituelle. Le site présente aussi des qualités paysagères notamment par l’intégration harmonieuse du centre communautaire au cadre bâti, l’insertion discrète dans le secteur et l’effet de prestance que procure la topographie des lieux. Enfin, la valeur architecturale repose principalement sur la qualité de la composition néo-Tudor du centre communautaire qui a conservé la plupart de ses caractéristiques d’origine.»
Pour ce projet, le promoteur aurait fait appel à l’architecte Robert Libman et son entreprise Libcorp qui avait sous l’administration de Michael Applebaum coordonné le controversé projet Onyx à l’intersection des rues Decelles et Queen-Mary. Robert Libman est aujourd’hui candidat officiel du Parti Conservateur aux élections fédérales du 19 octobre, dans la circonscription de Mont-Royal.
Merci pour cet article. Nous sommes effectivement un groupe grandissant de résidents situés dans le voisinage immédiat de l’église St-Columba et de son centre communautaire très inquiets (et opposés) au projet de changement de zonage, démolition de l’église et construction de 7 maisons unifamiliales sur le site occupé par l’église.
Vous indiquez : »Pour ce projet, David Kakon aurait fait appel à l’architecte Robert Libman et son entreprise Libcorp ». Selon les informations que nous avons trouvées, la firme LibCorp aurait plutôt été engagée en 2014 par le promoteur et propriétaire actuel du site pour des fins de lobbyisme (et non d’architecture) - plus précisément, pour »aider à résoudre les obstacles bureaucratiques » qui auraient surgi dans le dossier (traduction libre de l’anglais). Voici la description intégrale du mandat, telle qu’elle apparaît sur la fiche du registre des lobbyistes :
« A building transformation project and construction of 7 two-storey townhouses in the NDG/Côte des Neiges Borough of Montreal on Avenue Notre-Dame-De-Grace between Hingston and Beaconsfield avenues has been approved in principle for a rezoning by the Borough planning Department and other instances in the City of Montreal. The project however has been caught in some bureaucratic obstacles. Our mandate is to clarify and try to resolves these obstacles leading to the final approval of the project. »
(Réf. Registre des lobbyistes du Québec (Robert Libman pour 9286-5310 QUEBEC INC.)
Cette description soulève plusieurs interrogations.
• Nulle part il n’est fait mention que le site est présentement occupé par un bâtiment »lieu de culte », ce qui implique un changement de zonage et un permis de démolition.
• Nulle part il n’est fait mention que l’église en question fait partie de la liste des bâtiments patrimoniaux sur le territoire de CDN-NDG et du répertoire des biens culturels du gouvernement du Québec; et qu’elle doit être soumise pour examen au Conseil du patrimoine de Montréal avant d’être retirée de ces listes.
• C’est comme si tout cela était acquis d’avance (changement de zonage, retrait de l’église de la liste des bâtiments patrimoniaux et permis de démolition de l’église). Le projet commence avec la construction de 7 unités résidentielles.
• Une autre phrase qui nous préoccupe est celle selon laquelle le projet « has been approved in principle for a rezoning by the Borough planning Department and other instances in the City of Montreal ». Nous nous demandons comment il se fait que le mandat du lobbyiste parle d’un projet (de construction de 7 unités) »déjà approuvé en principe », alors que le processus d’examen des demandes de permis de dézonage, de déclassement et de démolition de l’église étaient en cours ou n’avaient pas encore débuté ?
L’examen du dossier par le comité mixte mis sur pied pour ce projet (comité formé par le Conseil du patrimoine de Montréal - CPM et le Comité Jacques Viger) n’était pas terminé et leur avis pas encore rendu (et ne l’est toujours pas, aux dernières nouvelles)….
Enfin, un autre élément qui nous préoccupe au plus au point est que, même si le Comité mixte émettait un avis défavorable (au projet), celui ci pourrait quand même aller de l’avant. Le CPM et CJV en effet ne sont (malheureusement) que des instances consultatives qui émettent des avis et des recommandations, mais qui n’ont aucune autorité, ni le pouvoir de bloquer de projets. La décision finale repose entre les mains des élus de l’arrondissement… et ceci nous inquiète. On a beau nous répéter les étapes que l’arrondissement entend poursuivre (étude d’avant-projet etc…), et que les citoyens auront droit de parole à la consultation publique, nous avons vraiment l’impression que les décisions sont déjà prises. Vous conviendrez que la description du mandat de la firme de lobbyisme n’a rien pour rassurer.
Cordialement.