Un projet divise un secteur de NDG. En septembre 2013, un promoteur immobilier a déposé une demande visant la démolition de l’ancienne église anglicane Saint-Columba et la construction, en lieu et place, de sept nouvelles unités d’habitation. Pour ce faire, la propriété devra être morcelée afin de séparer la partie occupée par l’église de celle occupée par le centre communautaire. Ce dernier serait par ailleurs conservé en vue de la poursuite des activités de culte et d’activités communautaires et socioculturelles.
Puisque le site de l’église Saint-Columba fait partie de la liste des «Bâtiments d’intérêt patrimonial et architectural hors secteurs de valeur exceptionnelle» au Plan d’urbanisme, le Conseil municipal doit préalablement approuver le retrait de cette institution de la liste.
Depuis deux ans, les relations sont tendues entre un groupe d’opposants et l’administration municipale. Leur inquiétude est devenue colère puis frustration. Des accusations ont fusées.
Le conseil d’arrondissement a voté en faveur du projet en première lecture puis suite à une houleuse assemblée publique d’information, les élus ont voté en seconde lecture : quatre en faveur du projet, Russell Copeman, Marvin Rotrand, Lionel Perez et Peter McQueen et deux contre, Magda Popeanu et Jeremy Searle.
Ce que je vous propose est la réflexion de chaque élu, telle qu’exprimée en conseil d’arrondissement du 7 décembre, pour expliquer son choix.
Ni Marvin Rotrand ordinairement loquace, ni Lionel Perez n’ont jugé nécessaire d’expliquer leur choix.
Jeremy Searle, confus dans ses réflexions, questionne plutôt la démarche des promoteurs, des résidants. Pourquoi vote-t-il contre? Difficile de le savoir.
Russell Copeman estime que c’est un bon projet, qu’ il a obtenu de nombreux appuis en particulièrement celui du Comité mixte formé du Comité du patrimoine et du Comité Jacques Viger. Le comité « considère que la démolition de l’église Saint-Columba est acceptable compte tenu de la qualité du projet de remplacement et des études réalisées sur l’intérêt patrimonial du site et l’état de conservation de l’église » ,
Russell Copeman juge aussi que le processus a été fait dans le respect absolu des règlements et que la démarche a été totalement transparente.
Magda Popeanu qui préside le Comité consultatif d’urbanisme et à ce titre à présidé la séance publique d’information se prononce contre ce projet car pour elle comme pou le comité mixte « …le devenir des églises et leur terrain est un enjeux crucial sur le territoire montréalais… …il est urgent de mieux documenter les possibilités de conservation, de réhabilitation et de requalification de ces propriétés… ». Je ne suis pas convaincue dit-elle qu’on a tout fait pour préserver cette église avant de la démolir.
Indépendamment de leur valeur architecturale ou patrimoniale, ces bâtiments ont une âme (une vie dit-elle). Ce sont des institutions rassembleuses qui font partie de la vie des quartiers. Elle penche donc en faveur de la transformation des églises lorsque fermées vers une autre confession. 49% des 67 églises montréalaises fermées entre 2001 et 2014 ont changé de confession, 10% ont changé de vocation (culturelle essentiellement) et seulement 9% ont été démolies dit-elle. C’est ce changement qu’il faut privilégier.
Peter McQueen dit faire un choix difficile. Mais son pragmatisme l’emporte. Devrait-on protéger tous les lieux de culte ou ceux qui ont une valeur patrimoniale ? Dans ce cas, ce n’est pas l’église Saint-Columba mais plutôt le centre communautaire (Parish Hall) qui doit être préservé. Il faut distinguer entre le patrimoine et l’héritage religieux. Que ferait-on de cette bâtisse si elle n’avait pas de vocation religieuse ? Selon lui, les membres des églises environnantes qu’il a longuement consulté ne s’opposent pas nécessairement à la démolition. L’église a été vendue. L’argent à servi à une autre église. Pour ces gens, ce n’est pas la bâtisse qui fait l’église mais l’implication active de la communauté.
L’autre aspect de sa décision est que la vie suit son cours et apporte des changements qu’Il faut accepter. Sept nouvelles familles vont s’installer et régénérer ce secteur.
Du 13 au 21 janvier prochain, les opposants pourront signer une pétition demandant un référendum. Et ce référendum décidera du sort de l’église Saint-Columba.