Une enquête de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) vient d’aboutir à l’arrestation de Gilbert Leizerovici, à la suite du dépôt de 65 chefs d’accusation visant de présumés cas de fraude fiscale dans le domaine de la construction. Plus spécifiquement, Gilbert Leizerovici est accusé d’avoir, entre autres, surfacturé l’Hôpital général juif concernant des travaux effectués à l’extérieur de l’hôpital.
L’accusé s’expose à des amendes minimales totalisant 310 000 $. De plus, l’accusé est passible d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à deux ans moins un jour. R.A. Rénov-Action inc., la compagnie de Gilbert Leizerovici, est accusée pour les mêmes infractions et des amendes minimales s’élevant à plus de 120 000 $ lui sont réclamées.
Lors d’une perquisition effectuée le 16 octobre 2014 à l’Hôpital général juif, les enquêteurs saisissaient toutes les factures et les bons de commande liés à son entreprise. Une autre des sociétés qu’il contrôlait, Solutions Éco Service, est aussi ciblée. Un ouvrier dit avoir facturé cette entreprise pour les travaux qu’il a fait chez l’ancien directeur général de l’Hôpital général juif, Henri Elbaz. Il aurait facturé un mois de travail à la maison d’Elbaz avec la mention: «Hôpital, entretien général, peinture», selon l’affidavit qui a mené aux perquisitions de l’UPAC dans huit résidences le 21 octobre 2014.
Toujours selon l’enquête de l’UPAC, des travaux ont aussi été faits par des fournisseurs de l’hôpital chez les cadres Philippe Castiel et Kotiel Berdugo.
Ce dernier et un de ses adjoints, Jeffrey Fields, approuvaient la facturation des entreprises de Leizerovici toutes les deux semaines
Le bureau d’enquête de l’agence QMI avait établi les liens étroits entre Leizerovici et des cadres de l’hôpital. L’entrepreneur et Kotiel Berdugo ont notamment acheté un édifice à logements pour 790 000 $ en 2010, qu’ils ont revendu 1,5 million $ en 2012.
Depuis les révélations, Gilbert Leizerovici a vendu un de ses condos à sa sœur en plus de revendre l’autre en mai 2015. Selon l’UPAC, il aurait aussi mis son chalet en vente sur internet et changé sa Audi S5 pour un Ford Escape.
Le propriétaire de R.A. Rénov-Action se défend d’avoir mal agi. «On n’est pas des voleurs. Je n’ai rien fait de mal», soutient-il en disant ne pas avoir reçu de contrats de gré à gré de la part de M. Berdugo. L’homme dit connaître Kotiel Berdugo comme un ami d’enfance, alors que ce dernier dit l’avoir connu dans le cadre de son travail à l’hôpital.
Gilbert Leizerovici a également créé une compagnie avec un autre cadre de l’hôpital, Philippe Castiel, au milieu des années 2000. L’entreprise, qui devait se spécialiser dans l’enlèvement de l’amiante dans les écoles, s’appelait Domaines d’intervention en désamiantage. Elle a cessé ses activités en 2009 sans jamais être vraiment active. C’est également Leizerovici qui a fait les travaux de rénovation à la résidence de son ami d’enfance Philippe Castiel. Il lui a fait parvenir deux factures de 12 000 $ en mars et avril pour ces travaux.
Les deux cadres de la haute direction de l’hôpital ont démissionné à la suite de la diffusion le 3 avril 2014, de l’émission Enquête de Radio-Canada qui révélait que l’Unité permanente anticorruption (UPAC) enquêtait à l’Hôpital général juif.