vendredi 1 juin 2018
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La Spanish, une histoire à découvrir

La Spanish, une histoire à découvrir

Au conseil d’arrondissement de CDN-NDG d’hier, les élus ont souligné le 250e anniversaire de la Congrégation Shearit Israel mieux connue sous le nom de Synagogue hispano-portugaise. Elle est située depuis 1947 au 4894 de la rue Saint-Kevin, entre l’avenue Victoria à l’est et la rue Lemieux à l’ouest. Lionel Perez a souligné sa contribution à la vie montréalaise et québécoise.

Puisque l’occasion m’est offerte, voici brièvement, l’histoire méconnue des Juifs au Québec :

En 1738 arriva en Nouvelle-France, un jeune homme de vingt ans, français et catholique, du nom de Jacques La Fargue. Il s’établit à Québec.
Son arrivée provoqua peu après une commotion. En effet Jacques La Fargue n’était que le déguisement d’une jeune française originaire de Bayonne, juive de surcroit, Esther Brandeau. Pourquoi cette supercherie ?

Car en 1627, le cardinal Richelieu, ministre du roi de France, fit décréter une proclamation royale selon laquelle Louis XIII bannissait tous les non-catholiques de la Nouvelle-France. Cet édit visait à exclure les Juifs et les Huguenots (les Protestants) de la colonisation.
En 1695, Louis XIV, sur recommandation de l’intendant Colbert, confirma ces restrictions et proclama la religion catholique la seule religion du territoire de France et de ses colonies.

Deux possibilités furent offertes à Esther Brandeau, se convertir ou être expulsée. Elle refusa la conversion et déclara n’avoir pas d’argent pour payer son retour.
L’administration coloniale ne voulant pas créer de précédent en payant son voyage, l’affaire remonta jusqu’au roi de France, Louis XV, qui assuma les frais. Elle fut rapatriée en 1739.

Il n’y eu pas d’autres Juifs en Nouvelle-France. La Conquête et la chute du Régime français en 1760 allaient changer les choses.

Dès lors, plusieurs Juifs s’établissent à Montréal. Le premier d’entre eux, Lazarus David et son épouse s’établirent en 1763. L’année suivante, le 14 octobre 1764 naissait David David, le premier Juif né dans la province de Québec.

Quatre ans plus tard, plus précisément le 30 décembre 1768, fut fondée la première synagogue au Canada, la congrégation hispano-portugaise Shearit Israel (Vestiges d’israel), appelée familièrement la Spanish. Elle est aussi le premier lieu de culte non-catholique au Québec.

En 1807, M. Ezechiel Hart est élu député de Trois-Rivières à la Chambre de l’assemblée du Bas-Canada. Mais il n’est pas autorisé à siéger parce que les Juifs n’ont pas le droit d’être élus députés dans l’Empire britannique. Ezechiel Hart n’abandonne pas. Les citoyens de Trois-Rivières le réélisent une autre fois ! Mais encore une fois on ne reconnait pas son droit d’être député.
C’est seulement en 1832 que, sur proposition du député John Neilson, appuyé par le député Louis-Joseph Papineau, les Juifs se voient accorder tous les droits et privilèges dont jouissent les citoyens du Bas-Canada dont celui de siéger.

En 1913, le Canada comptait 60 000 Juifs. En 1934, le Jewish General Hospital de Montréal avec 205 lits ouvre ses portes, à l’angle des rues Côte-des-Neiges et Côte-Sainte-Catherine

Au cours de la seconde guerre mondiale de 1939-1945, un million de canadiens (sur une population d’environ onze millions) ont servi leur pays au sein des forces armées. Parmi eux, 17 000 Juifs canadiens (sur une communauté d’environ 70 000), dont 10 000 dans l’armée de terre, 6000 dans l’aviation et 600 dans la marine.

Mais revenons à la Congrégation hispano-portugaise.
À ses débuts, les membres se réunissaient dans une petite synagogue située dans un lieu qui est depuis 1988, la Place Marguerite-Bourgeoys (à l’angle nord-est de l’allée des huissiers qui jouxte le Palais de Justice de Montréal.
En 1825, suite au décès de David David, propriétaire du terrain, la congrégation dut se trouver un autre lieu. En 1838, elle inaugura sa nouvelle synagogue sur la rue Cheneville (entre les rues Viger et La Gauchetière)
En 1890, la congrégation avait décuplé et s’était enrichie. Elle déménagea sur la rue Stanley où habitaient alors nombre de ses membres.
Le déplacement d’une partie importante de la communauté vers la banlieue et l’arrivée de nouveau immigrants vers les quartiers résidentiels de l’ouest de l’île, entraina le dernier déménagement en 1947, dans le quartier Snowdon.

Photo : plaque commémorative. Musée Juif de Montréal

Denis Vaugeois, Les Juifs et la Nouvelle-France, Édition Boréal Express, 1968
L’histoire d’Esther Brandeau a servi de sujet au roman jeunesse de Sharon McKay, Esther, traduit par Diane Ménard, édition l’École des loisirs.

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