Bilan sur les gangs de rue
Toujours un problème de sécurité publique Article mis en ligne le jeudi 7 février 2008
Photo Ariane Lafrenière
Robints Paul, directeur de la Maison des jeunes CDN, organise de nombreux ateliers pour sensibiliser les jeunes à la violence.
« Le phénomène des gangs de rue est la priorité 2008 sur le plan de la sécurité publique », déclare Mario Plante, chef du Service des enquêtes spécialisées et responsable de ce dossier au Service de police de Montréal (SPVM).
Bien que la criminalité générale soit en baisse de 23 % depuis 1997 à Montréal, il y a eu une recrudescence des crimes violents. Le maire de Lachine et président de la Commission de la sécurité publique de la Ville de Montréal, Claude Dauphin, avoue que « les gangs de rue demeurent un phénomène préoccupant ». Malgré tout, les deux hommes ont réaffirmé à plusieurs reprises lors de ce bilan que Montréal restait tout de même une des villes les plus sécuritaires en Amérique du Nord.
Sur les 41 homicides survenus sur le territoire couvert par le SPVM en 2007, 14 étaient directement liés à ce phénomène. Comparativement, 12 des 42 homicides commis en 2006 y étaient directement liés. Plus de la moitié des tentatives de meurtre avaient un lien direct avec les gangs de rue en 2007 alors que cette proportion chutait à moins d’un tiers en 2006. Mario Plante rappelle cependant que toutes les victimes de ces actes criminels étaient membres d’un gang ou avaient de nombreux liens avec ces groupes. « Il n’y a pas eu de victime innocente à Montréal », renchérit-il. « Le phénomène touche une large portion de Montréal, mais la population ne devrait pas se sentir en danger. » D’ailleurs, le nombre d’homicides et de tentatives de meurtre commis dans les lieux publics a considérablement diminué, il est descendu de 23 % en 2006 à 7 % en 2007.
Les quartiers problématiques
Mario Plante a refusé d’indiquer quels étaient les lieux problématiques sur le territoire du SPVM. Robints Paul, directeur de La maison des jeunes, a admis que le quartier CDN-NDG était à risque. « Il y a tellement de jeunes qui viennent d’un milieu défavorisé ici. » Inévitablement, les gangs de rue représentent pour certains de ces jeunes une forme d’ascension sociale, l’argent « facile » y coulant à flot.
En 2007, cinq homicides et cinq tentatives de meurtre liés directement à ce phénomène ont eu lieu dans l’arrondissement CDN-NDG. Le SPVM avait alors décidé de mettre sur pied un projet-pilote, l’équipe Omni, en février dernier. Cette équipe multidisciplinaire consistait à regrouper des patrouilleurs de l’ouest de l’île de Montréal et des enquêteurs spécialisés de différentes unités afin de centraliser les efforts dans la lutte contre les gangs de rue. Jusqu’à maintenant, le projet semble avoir porté fruit. Depuis septembre 2007, aucun homicide relié à cette problématique n’a été signalé sur le territoire du SPVM.
La sensibilisation
En tant que directeur d’une maison des jeunes, Robints Paul organise de nombreuses activités de prévention à la délinquance. « Nous faisons beaucoup d’ateliers de sensibilisation à la criminalité. Par exemple, nous avons fait venir un prisonnier pour parler aux jeunes de ce que c’est la vie carcérale. »
Il n’en demeure pas moins que la meilleure méthode de prévention est de discuter avec les jeunes, mais surtout de répondre à leurs nombreuses questions. « La jeunesse de Côte-des-Neiges est notre futur. Quand on fait un pas vers elle, elle s’ouvre. » Un lien de confiance peut alors se tisser et permettre aux intervenants de guider les jeunes dans leur cheminement.
[ Ariane Lafrenière ]