Samedi 17 Mai 2008  
Le 5 mai, le gouvernement du Quebec a décerné à l'organisme PROMIS le prix Jacques-Couture pour la promotion du rapprochement interculturel.
















Plan de protection et de mise en valeur du Mont-Royal
Un plan qui n’en est pas vraiment un
Article mis en ligne le jeudi 15 mars 2008
 
Photo Ariane Lafrenière
Plusieurs personnes ont à cœur le mont Royal, la preuve : plus d’une trentaine de mémoires ont été déposés sur le Plan de protection et de mise en valeur du Mont-Royal.
Après la tenue d’une séance d’information et de cinq ateliers thématiques, l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) a reçu plus d’une trentaine de mémoires concernant le Plan de protection et de mise en valeur du Mont-Royal. Près de 3000 personnes ont également répondu au questionnaire proposé par l’OCPM sur son site Internet. La balle est maintenant dans le camp des commissaires de l’Office qui étudieront ces documents afin de rédiger le rapport de consultation.
Le Plan de protection et de mise en valeur du Mont-Royal est inspiré des travaux de la Table de concertation du Mont-Royal qui regroupent plusieurs acteurs dont les arrondissements ayant une portion de leur territoire dans l’arrondissement historique et naturel du Mont-Royal, la Ville de Westmount, les grandes institutions présentes sur le mont Royal et certains groupes du milieu associatif. Cette table de concertation a été mise sur pied afin de tenter de parvenir à des consensus sur les questions reliées à la montagne : l’accessibilité, la protection et la mise en valeur.

Un véritable plan ou seulement une ébauche?
Malgré la mise en place de cette table de concertation, la lecture des mémoires déposés à l’OCPM révèle que plusieurs groupes ont relevé des lacunes dans le Plan présenté. L’un d’entre eux est le Conseil régional de l’environnement de Montréal, un organisme à but non lucratif qui regroupe plusieurs organisations préoccupées par l’intégration des valeurs environnementales dans le développement local.

André Porlier qui en est le directeur général, souligne qu’avec « un plan de protection on s’attend à ce qu’il y ait des balises très claires sur ce qui est possible de faire et ce qui n’est pas possible de faire dans l’arrondissement historique et naturel. Ce que l’on voit dans le plan, c’est qu’il y a beaucoup d’information et il y a un inventaire qui pose assez bien la question des paysages, des vues, des milieux naturels et de l’accessibilité. […] Pour l’instant, il n’y a rien de concret pour protéger ce qu’il reste comme milieu naturel, mais aussi les autres aspects comme les vues du mont Royal et à partir du mont Royal. C’est la même chose au niveau du paysage ».

« Quand on me parle d’un plan de protection, je ne pense pas seulement à une ébauche, ça doit être très concret et on doit être capable de comprendre les orientations de la Ville là-dessus, et malheureusement on n’a pas ça. […] C’est pour cela qu’on propose à la Ville d’établir à court terme un échéancier, un processus qui va nous mener vers des mesures concrètes et précises », poursuit-il.

Dans le mémoire qu’ils ont déposé à l’OCPM, les Amis de la montagne constatent eux aussi l’absence de mesures fermes et recommandent à la Ville de Montréal de travailler en collaboration avec la Table de concertation du Mont-Royal pour établir rapidement « un plan d’action identifiant des priorités d’actions, des objectifs mesurables, des échéanciers, des budgets ainsi que les responsables de leur réalisation ». Le groupe condamne ainsi le rôle passif de la Table de concertation et demande à ce que « son rôle devienne central dans la protection et la mise en valeur du mont Royal ». Une requête réitérée par Héritage Montréal qui se dit également préoccupé par « l’absence d’un cadre de mise en œuvre qui comprend échéancier, priorités et responsabilités » et propose l’établissement de mécanismes réels de suivi « par exemple, un rapport biennal d’état de protection et de mise en valeur dont la production pourrait être confiée au Conseil patrimonial de Montréal ».

André Porlier, quant à lui, voit en la Table de concertation un outil utile, mais qui sert essentiellement à parvenir à des compromis. Selon lui, « dans un premier temps, il faut établir clairement quelles sont les règles du jeu, quels boisés dans lesquels il n’y aura pas de développement, quels sont les bâtiments sur lesquels on ne veut pas qu’il y ait des interventions. […] À partir du moment où l’on a fixé ce qu’on pourrait appeler les incontournables, le reste peut faire l’objet de discussion et de compromis, mais il faut qu’il y ait un minimum de règles établies au départ ».

À la Ville de Montréal, on réserve les commentaires pour la sortie du rapport de l’OCPM.

D’autres lacunes
Outre l’absence de mesures concrètes, plusieurs des 35 mémoires présentés à L’OCPM mettent en évidence d’autres lacunes. C’est le cas de celui du laboratoire de dynamique végétale de l’Institut de recherche en biologie végétale qui constate avec joie l’intégration de la notion des plantes envahissantes dans le Plan, mais qui dénonce le peu d’attention accordée à cette question vu l’étendue du problème. Le mémoire dévoile la présence d’une menace pour l’intégrité écologique de la forêt du Mont-Royal, l’érable de Norvège. En effet, une étude publiée en 2007 révélait que l’érable de Norvège détenait trois fois plus de semis et gaules (un jeune arbre qui n’est plus un semis, mais pas encore une perche) en sous-bois que l’érable de sucre, qui dominait à l’origine la végétation forestière naturelle du Mont-Royal.

Jacques Brisson, directeur du laboratoire de dynamique végétale et professeur à l’Université de Montréal, explique comment il est possible de restaurer l’intégrité écologique de la forêt, « d’abord, couper l’érable de Norvège au Mont-Royal, ce n’est pas quelque chose qui peut se faire en un an. Ça pourrait se faire à la chainsaw, on coupe tout, ça irait très vite, mais ça laisserait une cicatrice épouvantable dans la forêt. Ça ne serait pas acceptable de faire ça ». Pour parvenir à une restauration complète en réintégrant graduellement des plantes indigènes, « il faut un plan long terme, il faut planifier à l’avance chaque année ce qui va se faire », croit-il. « Si j’avais une suggestion à faire, ce serait de faire l’inventaire des érables de Norvège dans le parc du Mont-Royal, poursuit-il. Après, échelonner sur 20-25 ans leur remplacement. Ce que ça veut dire, c’est qu’on en coupe quelques-uns par année et dans l’ouverture qui est créée, on plante des érables à sucre. Ce serait un exemple de restauration lente. » Des mesures qui nécessiteraient non seulement des investissements, mais également une volonté ferme de l’administration municipale pour garder la même orientation pendant plusieurs décennies.

Dans son mémoire, le Conseil régional de l’environnement de Montréal a également soulevé la problématique de la circulation de transit. « Pour l’instant ce n’est pas critique, mais il y a une lourde tendance pour utiliser Camilien-Houde et Remembrance comme chemins de transit. Les comptages montraient qu’à certaines heures, il y a plus de 500 véhicules à l’heure », affirme André Porlier. Ces moments coïncident avec les heures de pointe, soit entre 7h et 9h. Le Conseil propose d’instaurer des chemins en boucle afin de rendre impossible de traverser le mont Royal d’un bout à l’autre tout en ne nuisant pas à son accessibilité.

Héritage Montréal dénonce vertement le peu d’attention portée aux aménagements patrimoniaux sur le mont Royal, un lieu pourtant « qui réuni un patrimoine d’aménagements et d’architecture du paysage qui couvre plus de 300 ans de l’histoire montréalaise et nationale ».

La marche et le vélo
Une question a également été soulevée à quelques reprises notamment par la Fédération québécoise de la marche ainsi que Vélo Québec, à savoir la cohabitation entre les marcheurs et les cyclistes. Selon la Fédération québécoise de la marche, cette situation s’expliquerait « en raison de l’espace non défini pour chacune des activités » et recommande l’installation d’une signalisation qui identifie clairement les sentiers que peut utiliser chacune des clientèles. De son côté, Vélo Québec prône plutôt une signalisation renforçant la cohabitation des deux groupes. Le mémoire de cet organisme suggère que le système de signalisation proposé aux piétons prenne en compte « les besoins des cyclistes et les particularités du réseau cyclable ». Vélo Québec affirme qu’il est essentiel de mettre en place des sentiers de vélo de montagne à Montréal et croit que « la possibilité d’en aménager sur le flanc nord de la montagne devrait être étudiée sérieusement ».

Pour ceux intéressés à consulter les mémoires présentés dans le cadre de la consultation publique sur le Plan de protection et de mise en valeur du Mont-Royal, tous les documents sont disponibles sur le site même de l’OCPM, www.ocpm.qc.ca.
[ Ariane Lafrenière ]




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