Westmount-NDG
Le choc des idées, énième partie
Article mis en ligne le jeudi 9 octobre 2008
Photo Denis Bélanger
Devant une trentaine de personnes, cinq des candidats se présentant dans Westmount-NDG se sont réunit au communautaire Saint-Raymond.
Dans ces derniers instants de la campagne, les candidats de Westmount-NDG ont une nouvelle opportunité de défendre leurs idées devant le public. Cette fois-ci, le débat a été commandé et organisé par le Conseil communautaire de Notre-Dame-de-Grâce.
Tout près d’une trentaine de personnes a assisté au débat tenu lundi dernier au centre communautaire de Saint-Raymond. Notons que de ce nombre, on retrouvait des gens qui font partie de l’équipe électorale des candidats. Bien que le Conseil communautaire de NDG ait lancé l’invitation aux neuf candidats en lice, seulement cinq ont accepté : soit le libéral Marc Garneau, le vert Claude William Genest, la néo-démocrate Anne Lagacé Dowson, le bloquiste Charles Larivée et le candidat indépendant David Sommer Rovins. Étaient donc absents Judith Vienneau du Neorhino, Linda Sullivan du Parti Marxiste-Léniniste du Canada, Bill Sloan du Parti communiste du Canada et le représentant des conservateurs Guy Dufort. Le conseil communautaire n’a pas donné de détails sur les absences de ces quatre personnes. Seul Claude William Genest a profité de l’occasion pour souligner que le candidat du gouvernement sortant manquait à l’appel. « Guy n’est pas là. Je l’aime Guy. S’il était ici, il vous dirait que tout va bien. Au contraire, tout ne va pas bien. »
Une formule bien particulière a été mise sur pied pour ce débat. Les cinq candidats présents ont eu l’occasion de se présenter et de répondre à deux questions posées par les membres du Conseil communautaire. La première demandait aux aspirants députés ce que leur parti respectif proposait pour le financement des logements sociaux. La deuxième invitait les candidats à proposer des solutions pour améliorer le transport en commun et la circulation en générale pour les prochaines années, alors que d’importants projets d’infrastructures comme la réfection de l’échangeur Turcot affecteront considérablement la fluidité de la circulation.
En deuxième partie du débat, le public a eu l’occasion de poser des questions aux candidats. Toutefois, la formule adoptée a fait en sorte que seulement deux aspirants députés pouvaient répondre à une même question. Évidemment, les organisateurs se sont assurés que chacun ait un droit de parole égal. On a d’ailleurs demandé aux citoyens d’éviter d’adresser leur question à un candidat en particulier.
Résumé du débat
Bien que dans Westmount-Ville-Marie la campagne dure officiellement depuis l’été, certains éléments nouveaux sont ressortis du débat. Voici ce qu’on a retenu pour chacun des candidats.
Pour l’ensemble des sujets soulevés durant le débat, Marc Garneau a répondu que la solution aux nombreuses problématiques résidait dans l’ajout de ressources financières et humaines. Il a profité de la tribune pour justifier l’importance et la nécessité d’implanter la taxe sur le carbone mise à l’avant-scène dans la plateforme libérale. Ces lignes directrices ont évidemment orienté les réponses de M. Garneau lorsqu’il a été invité par des citoyens à se prononcer sur l’assurance-emploi et le processus d’immigration. « Nous voulons revoir les règles de fonctionnement de l’assurance-emploi pour éviter que les gens qui travaillent soient pénalisés, a souligné le libéral. Pour ce qui est de l’immigration, notre parti propose l’embauche de 400 personnes pour accélérer le processus afin de faciliter l’intégration des nouveaux arrivants. »
Claude William Genest a été celui qui a fait rire le plus souvent l’auditoire avec sa façon imagée de décrire les choses. « C’est une course à deux partis. Il y a le Parti vert qui propose des solutions nouvelles et les autres vieux partis qui n’ont rien de neuf à dire. » M Genest est d’avis que tous les enjeux soulevés dans la campagne sont interdépendants. Selon lui, en investissant davantage dans les logements sociaux et en sortant ainsi les gens de la rue, le gouvernement stimule l’économie tout en réduisant la pauvreté. De plus, l’homme ne croit pas que la question du transport ne concerne que le transport en commun. « Nous devons revoir les modes de transport utilisés pour l’importation de biens essentiels comme la nourriture. Nous devons miser davantage sur les voies maritimes. Actuellement, un gros pourcentage de la nourriture provient de l’extérieur. Là aussi, il y a des questions à se poser. »
De son côté, Anne Lagacé Dowson a entre autres suggéré le report du projet de réfection de l’échangeur Turcot. « Nous devons d’abord améliorer le système de transport en commun et nous assurer qu’il y ait une diminution du nombre de voitures qui circulent sur les routes. Après, on pourra faire la réfection de l’échangeur », a déclaré Mme Dowson pour répondre à la question du conseil communautaire qui portait sur l’amélioration du transport public. Pour ce qui est de la situation économique, la dame a réclamé une vérification beaucoup plus rigoureuse pour éviter que des fraudes fiscales comme celles vues dans le dossier de Norbourg ne se reproduisent. « Il faudrait aussi limiter la paye dans la salle exécutive. Ces gens gagnent beaucoup trop d’argent. » La néo-démocrate a aussi beaucoup insisté sur le fait que les libéraux ont toujours tenu pour acquise la circonscription et ont ainsi fait peu de choses pour Westmount-Ville-Marie.
Pour sa part, Charles Larivée s’est prononcé en faveur de l’instauration d’un mode de scrutin proportionnel, lequel accorde des sièges en fonction du nombre total de voix obtenus sur l’ensemble d’un territoire. « Je suis d’accord pour la proportionnelle ou la proportionnelle mixte. Il y a un tel système en Allemagne et ça fonctionne très bien. Au Québec des gens du Parti québécois tentent de réformer le mode de scrutin ». Il a fait cette déclaration pour répondre à un citoyen qui souhaitait entendre la position des aspirants députés sur la refonte du mode de scrutin. Au terme du débat, M. Larivée a précisé que la distribution des sièges dans une proportionnelle devrait se faire par province et non pas en fonction du nombre total de votes obtenus à l’échelle nationale. Dans l’ensemble du débat, le bloquiste a souligné que les efforts doivent être mis sur le rapatriement de l’argent qui est disponible à Ottawa.
En plus d’étaler rapidement sa plate-forme électorale, le candidat indépendant David Sommer Rovins a évoqué souvent les raisons qui l’ont incité à faire cavalier seul au lieu de s’associer à un parti. Il ne croit quasiment plus à la bonne volonté des politiciens et estime que la corruption est devenue monnaie courante dans ce milieu. « Je souhaite qu’un jour on élise 308 candidats indépendants pour qu’on arrête de se cacher derrière les partis. » L’indépendance du Québec a été peu soulevée jusqu’à maintenant dans cette campagne. M. Sommer Rovins a néanmoins remis en question à plus d’une occasion la présence du Bloc québécois à Ottawa. « Pierre-Elliot Trudeau nous a permis de vivre en toute liberté. Grâce à lui, des gens qui veulent détruire le Canada [se séparer] peuvent siéger aux communes. En France, ces gens n’auraient pas cette chance et seraient accusés de trahison. »
[ Denis Bélanger ]