Mardi 13 Juillet 2010  
Les Actualités font relâche pour les vacances. Le prochain journal sera publié le 28 juillet. Bon été à tous!




















Grève des chargés de cours à l’UdeM
Autopsie du conflit
Article mis en ligne le jeudi 4 mars 2010
 
Photos Leslie Doumerc

Salaires insuffisants, précarité d’emploi, surcharge de travail, perte d’acquis pour les accompagnateurs et coachs de la Faculté de musique. Las de discussions infructueuses sur ces thèmes, le Syndicat des chargées et chargés de cours de l’Université de Montréal (SCCCUM), a quitté la table de négociations pour investir le trottoir. Le 24 février, ils décrétaient une grève générale illimitée. Portrait des acteurs impliqués dans ce conflit de travail.

[Leslie Doumerc et Mélanie Marquis]

« Il y a beaucoup de chefs, et pas assez d’indiens »
— Francis Lagacé, président SCCCUM
 
Des coups de feu ont retenti entre les murs du 4837 Vézina dans la semaine du 15 février, selon plusieurs résidents rencontrés sur place. Aucun rapport de police n’en fait foi, mais des agents de sécurité en poste depuis la mi-février confirment les faits.
Depuis un mois, il se passe des choses bien étranges dans les immeubles presque vacants du 4837-4855 Vézina. Un agent de sécurité est désormais en poste jour et nuit. Selon Carole Émond, agente chez Garda, il y a des vols, du vandalisme et des vendeurs de drogue sur les lieux. La vente de stupéfiants se fait même en plein jour et il est « très facile » de voir les échanges se produire, ajoute-t-elle. Elle a pour ordre de ne pas intervenir, mais d’appeler la police en cas de besoin.
Des personnes s’introduisent la nuit par les balcons et les fenêtres pour voler les toilettes et les lavabos des appartements désaffectés rapporte Zurirma Ling du groupe CDH, responsable du chantier.
Lors de notre passage, il restait environ cinq familles sur les lieux. Elles devaient déménager avant le début des travaux prévu le 1er mars.
« On est dans une période de transition un peu difficile », admet Delfino Campanile de l’organisme Hapopex, qui travaille à déménager la poignée de locataires. Après la fin des travaux au printemps 2011, les anciens locataires pourront réintégrer leur logement. Tous? Peut-être pas. Hapopex attend plus d’information de la police à savoir si certains locataires s’adonnent à des activités criminelles. « Si jamais on nous donne des faits, des dossiers, on procédera en fonction de ce que la loi nous permet de faire et on évaluera chaque locataire », explique-t-il.
Entre temps, les travaux doivent débuter, sinon le bâtiment va s’effondrer, soutien Mme Ling. Le groupe CDH entreprendra des rénovations majeures pour convertir les logements en 68 unités plus spacieuses, dont la majorité offrira deux ou trois chambres à coucher pour les familles. Les loyers seront en bas de leur valeur marchande et 41 unités seront admissibles au programme de supplément au loyer d’Accès Logis.

« Il faut arrêter de prendre les étudiants en otage »
— Nicolas Descroix, secrétaire général, Fédération des Associations Étudiantes
du Campus de l’Université de Montréal (FAÉCUM)
 
Côté étudiant, la position est claire : « Nous voulons que les deux parties soient de bonne foi quand elles négocient pour régler le conflit le plus rapidement possible », explique Nicolas Descroix.
La grève perturbe le cheminement normal des étudiants : « Ils se plaignent d’avoir révisé pour un examen et de ne pas savoir quand ils vont l’avoir au final », poursuit M. Descroix. Ce dernier craint les impacts de la grève si elle perdure. Cela affecterait les étudiants qui ont des stages cet été, et qui ne peuvent le commencer tant que leur cours n’est pas complété. Les étudiants internationaux qui ont des visas arrivant à échéance pourraient eux aussi avoir des problèmes. Enfin, la session universitaire estivale à laquelle les étudiants s’inscrivent pour accélérer leurs études risquerait d’être perturbée, ou tout bonnement annulée.
La FAÉCUM est en accord avec certaines revendications des chargés de cours, notamment celles qui touchent directement les étudiants comme la taille des classes, ou la hausse du nombre d’auxiliaires à leur disposition. En revanche, pas de soutien sur la question de l’augmentation salariale. « Il faut que les chargés de cours aient conscience de la situation financière très fragile de l’UdeM. Il faut y penser en négociant pour que cela ne se répercute pas sur la facture des étudiants. »
Pour avoir des informations sur le conflit et sur les cours annulés au jour le jour, un groupe Facebook « Info-grève » a été créé. Il compte déjà près de 2000 personnes.

« Les chargés de cours ne sont pas sous-payés »
— Luc Granger, vice-recteur adjoint (affaires professorales) et provost (affaires académiques)
 
« Cette grève est très prématurée et nuisible aux étudiants. » C’est Luc Granger, responsable des conventions collectives des chargés de cours et de celle des professeurs, qui le dit. « La grève tombe en plein milieu des sessions d’examens, c’est déplorable. Cela risque d’entraîner un prolongement de la session, ce qui serait dur à gérer pour nos étudiants. »
L’argent, évidemment, est l’un des points d’achoppement du conflit. Et selon M. Granger, il ne faut pas s’attendre à ce que le gouvernement délie les cordons de sa bourse pour renflouer les coffres de l’UdeM, qui affiche présentement un déficit de 140 millions.
Le SCCCUM demande une augmentation salariale de 12 %. L’UdeM offre 2 %. « Cette augmentation que nous proposons, elle nous vient du gouvernement. C’est clair qu’on n’aura rien de plus. La ministre [Courchesne] et le sous-ministre adjoint à la rémunération nous l’ont dit maintes fois », soutient Luc Granger.
Selon lui, le salaire des chargés de cours est représentatif du marché montréalais. « On n’a pas de misère à trouver des chargés de cours très qualifiés à Montréal. Alors si on n’a pas de difficulté à les recruter, c’est peut-être parce que le salaire est adéquat. »
L’équipe du recteur doit déposer une offre au SCCCUM le 8 mars. « S’ils ne l’acceptent pas, je peux vous dire que le conflit pourrait durer longtemps. »




Les professeurs se joindront-ils au mouvement?
Article mis en ligne le jeudi 4 mars 2010

Il s’en est fallu de peu pour que les professeurs grossissent les rangs des grévistes. Sur les 625 membres présents lors de l’assemblée générale du Syndicat général des professeurs de l’Université de Montréal (SGPUM) le 9 février, 302 ont voté en faveur la grève générale illimitée, confirme Michel Seymour, membre de l’exécutif du syndicat.

Les professeurs ont la consigne de franchir les piquets de grève pour donner leur cours, à moins que cela ne constitue un danger pour leur sécurité. Le SGPUM invite aussi ses membres à participer aux activités du SCCCUM.

Les professeurs et chargés de cours vivent des réalités distinctes, mais selon M. Seymour, ils ont des revendications communes et surtout, un adversaire commun : « Cela nous solidarise. »

Le 26 février, le syndicat a déposé une offre à la partie patronale. « Le SGPUM a modifié ses demandes en coupant de moitié le nombre de professeurs [à engager] et en demandant 2,5 % d’augmentation salariale par année pendant quatre ans. C’est plus qu’ultraraisonnable », soutient

M. Seymour. Et si l’UdeM rejette l’offre ? « On retourne à notre Conseil syndical. Et je crains que ça ne chauffe. »




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