Des locataires excédés par « le roi du taudis »
Article mis en ligne le jeudi 9 septembre 2010
Photo Olivier Dilain
L’immeuble aux 371 infractions à la santé publique.
L’immeuble situé au 6950 du chemin Côtes-des-Neiges a fait l’objet de 11 visites depuis le mois de mai par des inspecteurs. 371 infractions à la santé publique y ont été relevées. Robert Sebag, propriétaire depuis 1992, y a laissé s’envenimer les nombreux problèmes sanitaires.
Le concierge de l’immeuble, David MacWilliams, est profondément amer à propos de la situation. En fonction depuis 1990, il a vu la situation s’aggraver progressivement. « Les dix premières années étaient correctes, c’est par la suite que ça s’est dégradé. »
Il déplore le départ de bons locataires, présents depuis 10 ou 15 ans mais fatigués d’avoir à se battre pour obtenir ce que la régie décrit comme une obligation de la part du propriétaire : « Maintenir le logement en bon état d’habitabilité ».
Sur les 44 appartements, seulement 20 sont aujourd’hui occupés. « Monsieur Sebag veut de l’argent. Il le prend aux pauvres », déplore David MacWilliams.
Il y a quelques mois, le propriétaire délinquant a fait enlever le revêtement au sol des couloirs de l’immeuble. Les locataires attendent toujours que les travaux se poursuivent.
L’ascenseur ne fonctionne plus depuis deux ans, les coquerelles ont élu domicile dans l’édifice et les locataires se plaignent de piqûres ou de devoir jeter la nourriture contaminée par des insectes.
Le concierge s’est même présenté à la régie lorsque Robert Sebag refusait de payer pour des travaux nécessaires à la salubrité d’un logement.
En 2009, « le roi du taudis » avait déjà fait parler de lui. Il fut contraint par la Ville de rénover et de décontaminer 76 appartements lui appartenant au 4855 et au 4837, rue Vézina.
L’année précédente, il possédait plusieurs immeubles sur l’avenue Christophe Colomb entre la rue Jarry et le boulevard Crémazie. Après des années d’abandon, il a fini par les vendre à un groupe issu d’un partenariat privé-communautaire, qui les a rénovés pour créer des logements sociaux.
Possibilité de rachat
C’est le groupe Conseil en Développement de l’Habitation (CDH) qui tente de reprendre l’immeuble pour un projet communautaire. L’organisme sans but lucratif a eu plusieurs fois affaire avec Robert Sebag.
Le rôle de cet organisme est de faciliter l’accès au logement aux personnes à faible revenu et en difficulté. Il a créé plus de 6000 logements dans la région de Montréal, dont 1150 uniquement dans Côte-des-Neiges.
La ville de Montréal est aussi impliquée dans le dossier et ne souhaite pas pénaliser le propriétaire de peur qu’il n’augmente le prix de vente à cause des amendes qu’il pourrait recevoir.
Jean Boivin, porte-parole du groupe CDH, ne souhaite pas s’exprimer sur le cas de Robert Sebag, ni dévoiler de détails des discussions au risque de les « mettre en péril » pendant que le processus judiciaire suit son cours.