Après trois mois d’opération
Une jeune entreprise met la clé sous la porte
Article mis en ligne le jeudi 21 octobre 2010
Photo Marie Cicchini
La CDEC-CDN a retrouvé le bistro bio myAntidote.ca fermé et vide trois mois après son ouverture.
Une jeune entreprise subventionnée par la Corporation de développement économique communautaire de Côte-des-Neiges (CDEC-CDN) a surpris plus d’une personne lorsque le local a été trouvé fermé et vidé de tout après moins de six mois d’opération.
Le conseiller aux entreprises et coordonnateur du programme Jeunes promoteurs, Abdellah Azami, était passé devant le local quelques jours avant d’apprendre la nouvelle et tout semblait normal. Après vérification, le bistro bio myAntidote.ca était bel et bien fermé. Son site internet est inactif et le lien du magasin en ligne est brisé.
Sans être parvenu à joindre les associées le lendemain, M. Azami a appris que le centre de suivi de la CDEC-CDN avait effectué un dernier diagnostic au mois d’août. Tout avait été réglé et les prévisions étaient réalistes.
Zadwiga Zabrewska et Ewelina Piasecka avaient lancé le bistro bio au 5887, rue Sherbrooke Ouest au mois de juin dernier. C’était la première épicerie montréalaise en ligne à proposer des produits alimentaires, ménagers et de beauté certifiés biologiques et locaux et à en faire la livraison. L’entreprise fondée en 2009 n’a fonctionné que pendant trois mois malgré une subvention de 16 000 $ du fonds Jeunes promoteurs.
Selon Claude Lauzon, directeur de la CDEC-CDN, ce sont des choses qui arrivent. Le cas échéant, la subvention est remboursable au prorata des mois écoulés sur une base de deux années.
Par contre, dans le cas d’un dépôt de bilan, Revenu Québec, Revenu Canada et les créditeurs garantis ont préséance.
Le dépôt du bilan après quelques mois seulement d’opération, par exemple dans le cas d’une rupture entre associés, constitue une faille que pourraient exploiter des entrepreneurs peu scrupuleux. La CDEC-CDN demande obligatoirement à deux associés de fournir une convention d’actionnaires validée par un avocat.
Les fermetures prématurées font bien partie du risque, surtout dans le commerce de détail. Beaucoup de petites entreprises ferment avant cinq ans pour différentes raisons : choix d’emplacement, rupture de partenariat, mauvaise gestion ou surestimation de la demande. Parfois, le marché n’est pas responsable, comme dans le cas
d’une certaine entreprise dont le loyer avait augmenté de 35 à 40% à l’échéance du bail.
Par ailleurs, le processus d’approbation est long et rigoureux. Le projet doit subir une évaluation préliminaire et respecter les critères d’admissibilité. Le plan d’affaires bénéficie d’un accompagnement avant sa présentation au comité de sélection. Le conseil d’administration évalue le projet et rend une décision selon la recommandation du comité.
La CDEC-CDN estime le nombre de fermetures à moins de 25%, ce qui survient rarement durant la première année. Quant à savoir si la situation est meilleure ou pire ailleurs, la CDEC-CDN n’a pas accès à ce genre d’information.
Les promotrices étaient de bonne foi et fières de leurs produits, corroborent M. Azemi et M. Lauzon. Toutefois, le dossier doit être élucidé.