Le projet Turcot de Transports Québec
Ce que ça veut dire pour l’Ouest de Montréal
Mis en ligne le Vendredi 25 mars 2011
La presse a surtout décrit le controversé projet Turcot comme une bataille entre des écologistes représentant les gens pauvres de St-Henri qui vivent près des autoroutes et de la pollution (une centaine de personnes seront même expropriées) et Transports Québec, qui, pragmatiquement, défend les intérêts de tous les automobilistes montréalais. Mais cette simple dichotomie détourne l’attention de l’enjeu principal, à savoir si le plan de Transports Québec n’est pas en partie dicté par les constructeurs routiers et un plan de l’échangeur excessif.
1,5 milliard $ au lieu de 3 milliards $
D’abord, beaucoup de gens qui critiquent le méga projet Turcot se demandent pourquoi ne pas reconstruire l’autoroute 15 en priorité, dans l’axe nord-sud. Elle a été construite en vitesse en 1967 et son état est déplorable. En faisant cette simple reconstruction, il n’y aurait pas d’expropriation dans St-Henri et aucune construction sur l’autoroute 20. Cela signifierait également qu’il n’y aurait pas, pendant
7 ans, de ralentissement ou d’interruption de la circulation entre le pont Mercier et le centre-ville. Le point le plus positif, c’est qu’il en coûterait
1,5 milliard $ au lieu de 3 milliards $.
Un design d’autoroute excessif
Les automobilistes de Notre-Dame-de-Grâce, Lachine, Montréal-Ouest et Côte Saint-Luc (et Westmount qui pourrait voir une circulation accrue dans ses rues) feront face à des inconvénients majeurs pendant 7 ans. Cette période coïncide avec la construction du CUSM et de son plan de démolir le pont Saint-Jacques sur Décarie et la bretelle d’entrée sur l’autoroute 720 de NDG vers le centre-ville. Ce viaduc a été refait il y a quelques années et pourrait durer encore des décennies.
Transports Québec insiste pour démolir et reconstruire ce viaduc parce que ses piliers sont situés où ils veulent mettre les nouvelles rampes connectant Décarie à l’autoroute Ville-Marie. La raison pour laquelle ils ne peuvent pas travailler autour des piliers actuels, c’est que les planificateurs de Transports Québec insistent pour que les nouvelles courbes des rampes respectent des normes pour une vitesse 100 km/h (c’est-à-dire
150 km/h pour les fous de la vitesse), au lieu de les garder à 70 km/h, le standard pour ce type de rampes.
Pourquoi déplacer l’autoroute 20 et les voies ferrées du CN près de la falaise Saint-Jacques?
C’est la question que les résidents de l’ouest devraient se demander et non seulement parce qu’ils veulent un parc le long de la falaise. L’autoroute 20 et les voies ferrées du CN sont présentement le long de la rue Notre-Dame et du canal Lachine. Le projet Turcot de la Ville de Montréal d’avril 2010 présenté par Richard Bergeron et soutenu par le Maire Tremblay, Louise Harel et Peter Trent, prévoyait de laisser les voies à cet endroit afin de développer un nouveau Quartier de la Falaise avec un tramway le traversant allant jusqu’à Lachine.
Mais Transports Québec insiste pour dépenser près de 500 millions $ pour déplacer l’autoroute et les voies ferrées du CN sur l’ancien marais directement en bas de la falaise, libérant ainsi une longue bande de terre étroite entre la rue Notre-Dame et l’autoroute sans que personne n’ait donné de raison à cela.
Ce n’est pas qu’une question de dépenses publiques et de transparence. Les automobilistes de NDG, Montréal-Ouest et Côte Saint-Luc, qui actuellement descendent à Sainte-Anne-de-Bellevue pour monter sur l’autoroute 20 vers l’aéroport ou l’ouest de l’île, feront bientôt face à des retards causés par des déviations vers l’échangeur Angrignon dues au déplacement des voies ferrées du CN et ensuite de l’autoroute près de la falaise.
Tout ceci aura lieu en même temps que la fermeture temporaire de l’entrée Girouard de l’autoroute 20 Ouest pour la construction du CUSM. De plus, il n’y a aucune amélioration du nombre de trains venant de l’ouest et toujours pas de navette aéroportuaire.
Transports Québec doit arrêter de ne penser le transport qu’en termes d’autoroutes et trouver, pour la région métropolitaine, une solution équilibrée incluant le transport collectif pour l’ouest de l’île de Montréal.
Peter McQueen
Conseiller de Notre-Dame-de-Grâce
Ville de Montréal