Hampstead met une ombre au tableau
Article mis en ligne le jeudi 14 avril 2011
Photo: Courtoisie
La caserne de pompiers MacDonald fera place à une tour qui rapportera des revenus considérables à Hampstead.
Une quarantaine de résidents froissés du secteur de la caserne de pompiers MacDonald à la frontière de Montréal et Hampstead ont répondu à l’invitation du conseiller Marvin Rotrand à assister à la séance du conseil d’arrondissement le 4 avril dernier au Manoir de Notre-Dame-de-Grâce.
Seulement 15 des 35 citoyens inscrits sont passés au micro à la période de questions pendant la durée maximale permise de 90 minutes.
Rosa D’Agostino a expliqué avec indignation qu’elle est venue comme les autres pour savoir comment Bill Steinberg, maire de Hampstead, puisse concevoir un immeuble de 16 étages dans le secteur résidentiel près de l’avenue Dupuis. Résidente de la rue MacDonald depuis 46 ans, elle a appris comme tout le monde la nouvelle dans les médias. Elle s’attend entre autres à un an de construction et à une augmentation de ses primes d’assurances qui gonfleront avec l’évaluation foncière.
Parmi de nombreux résidents de Hampstead aussi présents, Phil Gordon a demandé ce que l’arrondissement CDN-NDG pourrait faire pour empêcher sa ville de construire un immeuble de telle envergure sur le terrain pour le moment occupé par la caserne désaffectée à la frontière. Hampstead a tenu un registre et avait besoin de 485 noms pour un référendum et en a obtenu 429.
Marvin Rotrand a fait le point sur les développements dans ce dossier depuis la dernière séance du conseil. Ainsi, le maire de Hampstead avait promis que si un changement de zonage devait être fait, le processus normal de zonage serait suivi, permettant aux résidents de tenir un registre. Mais six des sept membres du conseil ont finalement décidé de faire exception, étant donné l’occasion en or qui se présentait de maximiser les actifs en construisant un immeuble résidentiel de prestige.
Il existe déjà des bâtiments de 16 étages juste au sud, dans la section de MacDonald appartenant à Côte Saint-Luc, mais ils ont des droits acquis alors que Hampstead se prépare à construire une tour à condominiums en face de résidences de deux étages de Montréal. Sur le site Web, le maire Bill Steinberg vante de surcroît qu’il y aura très peu d’éléments négatifs puisque l’ombre sera projetée principalement du côté est de MacDonald.
« C’est un très mauvais voisin. Personne n’aimerait avoir de voisin comme ça », a lancé Marvin Rotrand.
Jusqu’ici, les services du contentieux de la Ville de Montréal ne trouvent guère de précédent pour bloquer le projet. En revanche, il y a environ un an, les résidents de l’arrondissement d’Outremont ont contesté un changement de zonage du côté est de Hutchison dans l’arrondissement du Plateau Mont-Royal. Le Plateau ne les avait pas consultés parce que la loi prévoit que seuls les résidents sont consultés. Pourtant, le jugement a été rendu en faveur des plaignants et la cour a annulé le changement de zonage.
Si Le Plateau souhaitait présenter à nouveau une demande de changement de zonage, il avait l’obligation de consulter un plus grand secteur, incluant les résidents d’Outremont. Helen Fotopulos, qui siégeait alors au conseil du Plateau, a précisé que les élus n’avaient pas contesté le jugement de la première instance parce qu’ils étaient d’accord dès le début. Comme la cause ne fut pas portée en appel, il n’y a pas de jugement final qui puisse faire jurisprudence.
Tant que le projet ne lui est pas présenté, l’arrondissement de CDN-NDG ne peut guère agir pour le bloquer, selon Daniel Lafond, directeur de l’aménagement urbain et services aux entreprises. Il s’attend à recevoir instamment le règlement du plan d’urbanisme que Hampstead a l’obligation de soumettre à l’arrondissement à titre d’information une fois qu’il sera adopté en première lecture.
Une municipalité ne peut pas s’opposer à la volonté d’une autre municipalité. Marvin Rotrand a écrit au ministre des Affaires municipales pour lui faire part de l’injustice que perçoivent les résidents du côté de Montréal. Mais même si le ministre intervient, il pourrait être impossible de la faire appliquer s’il s’agit d’un droit acquis. Pour le moment, l’arrondissement de CDN-NDG cherche un moyen de faire interpréter la loi de la même façon pour les villes qui ont une frontière commune, et basera sa défense sur cet argument.
Les propriétaires résidentiels qui ont subi un préjudice pourraient se rassembler et intenter une poursuite au privé contre le promoteur du projet pour perte de jouissance de leur propriété.