La campagne vue par les ainés
Article mis en ligne le jeudi 25 septembre 2008
Photo Denis Bélanger
Les résidents en avaient long à dire sur la campagne électorale en cours.
Les aînés demeurant en résidences pour personnes âgées admettent qu’ils sont peu l’objet des discours des politiciens dans cette présente campagne électorale. Néanmoins, cetteréalité ne les empêche aucunement de suivre avec un certain degré d’intérêt la course et de se préoccuper d'autres enjeux que ceux qui concernent seulement les gens du troisième âge. Ces aînés n’ont surtout pas oublié le sens du devoir et ont l’intention d’exprimer leur vote le 14 octobre.
Les Actualités a rencontré récemment plusieurs pensionnaires de la résidence La Providence, qui est située dans la circonscription de Westmount-Ville-Marie. La rencontre entre les gens et le journaliste s’est déroulée sous la forme d’une table ronde. Les personnes interrogées sont toutes d’avis que la campagne n’a rien apporté de neuf jusqu’à maintenant. Ils osent même la qualifier d’inintéressante. « C’est une campagne plate. C’est du pareil au même. Ils disent tous la même chose et ne cessent de s’envoyer mutuellement des critiques. De plus, ils ne parlent pas beaucoup des gens comme nous », ont affirmé pour leur part Jacqueline Leduc et Madeleine Fredette.
Ces aînés sont d’ailleurs lassés par les candidats qui misent leur stratégie électorale sur leur talent d’orateur au lieu de leurs idées. « Moi, le charisme ne m’impressionne pas. Je me fie surtout sur le parcours professionnel d’une personne. Je n’apprécie guère le fait qu’on se moque de Stéphane Dion, parce qu’il est un professeur d’université. Lester B. Pearson exerçait le métier de professeur et a été un bon premier ministre », prétend Fabienne Duval.
Cette dernière ne se dit guère satisfaite de la couverture offerte par les médias nationaux. Elle estime que ces derniers mettent trop l’accent sur les gaffes des candidats. « Ils ne font que rapporter les bourdes des politiciens et rien d’autre. »
Le conjoint de Fabienne Duval, André Duval partage la même opinion sur les médias. « Les médias véhiculent beaucoup de préjugés. Pensons à la candidate qui est membre de l’Opus Dei (Nicole Charbonneau Barron). La couverture à son endroit ainsi qu’à celle de cette organisation a été trop sévère et injuste. »
En dépit de ces vives critiques sur le contenu de la campagne, ces personnes ont toutes affirmé qu’elles regarderaient le débat des chefs et suivraient attentivement devant la télévision le dépouillement des votes.
La santé fait partie des sujets que ces gens souhaiteraient entendre les candidats débattre davantage. « J’aimerais aussi que l’on trouve un moyen d’intéresser davantage les jeunes à la vie politique, mentionne Fabienne Duval. Actuellement, c’est surtout une question de culture familiale. Les jeunes qui s’impliquent en politique suivent seulement les traces de leurs parents qui se mêlaient de la vie politique. »
Le retrait des troupes canadiennes en Afghanistan est un autre dossier sur lequel les aînés voudraient avoir plus de détails. « C’est un gaspillage d’argent que d’envoyer nos soldats dans ce pays. Leur intervention ne changera aucunement les conditions de cette région du globe. Nos troupes doivent s’en aller », soutient fermement André Duval.
Quant à la campagne dans Westmount-Ville-Marie, ces personnes âgées observent ce que certains candidats font sur le terrain. Au moment de l’entretien, ils ont toutefois avoué qu’ils ignoraient l’identité des représentants du Bloc québécois et du Parti vert. Ils ont tout de même eu l’occasion de rencontrer en personne le conservateur Guy Dufort, le libéral Marc Garneau et la néo-démocrate Anne Lagacé-Dowson. « Ces rencontres ont été très amicales. Nous avons discuté davantage de leur héritage familial que de politique, puisque nous connaissons les parents de certains d’entre eux », répond en chœur le groupe.
Le 14 octobre, tous ces gens exerceront leur droit de vote pour une deuxième fois en l’espace de quelques mois. À l’occasion de l’élection partielle de Westmount-Ville-Marie, ils avaient arrêté leur choix sur un candidat dans le cadre du vote par anticipation. Le déclenchement des élections générales est venu annuler leur bulletin de votre.
Maintenant que la campagne a pour enjeu l’élection d’un gouvernement, et non plus celle d’un seul député, ces personnes modifieront-elles leur choix en conséquence? La majorité des gens rencontrés ont répondu qu’ils voteront de la même manière qu’ils l’ont fait lors de la partielle annulée. « Nous avons tous hâte au dernier jour de campagne, renchérissent-ils. Nous entendons parler d’élections depuis le mois juillet. Cela commence à devenir interminable. »
[ Denis Bélanger ]